Une déception

Jean-Pierre Han

4 février 2010

in Critiques

Paroles, pas de rôles/vaudeville. Théâtre du Vieux-Colombier, jusqu’au 28 février à 20 heures. Tél. : 01 44 39 87 00/01.

On les attendait avec gourmandise (voir notamment My dinner with André !) d’autant que les désormais très en vogue TG Stan ne venaient pas seuls, mais avec deux autres compagnies belge et néerlandaise, De Koe (qui était déjà de l’équipée de My dinner with André) et Discordia, pour dépoussiérer quelque peu nos classiques au Vieux Colombier, c’est-à-dire à la Comédie-Française. Le seul bémol à notre enthousiaste attente concernait le fait que ce ne sont pas les acteurs de ces compagnies qui allaient se retrouver sur le plateau, mais ceux, comme le veut la règle, de la Maison de Molière. Or dans la logique de travail de ces compagnies ce sont bel et bien les acteurs qui sont, sans jeu de mot, sur le devant de la scène ; ce sont eux qui ont fait, à juste titre, leur succès, au détriment parfois du texte. Les mauvais esprits attendaient donc avec un brin de perversité la prestation des cinq comédiens du Français, Coraly Zahonero, Laurent Natrella, Julie Sicard, Nicolas Lormeau et Léonie Simaga que l’on a pu déjà apprécier dans des productions plus traditionnelles que celles des trois compagnies invitées. Tout cela autour d’un projet alléchant : un parcours très certainement singulier dans le répertoire de la Comédie-Française placé sous le titre de Paroles, pas de rôles/vaudeville. Le résultat est plutôt déconcertant. Ce sont les cinq acteurs lâchés au milieu d’un décor en pleine « déconstruction », savant bric-à-brac trop bien fabriqué (et dérisoire pour peu que l’on ait vu peu de temps auparavant l’Immédiat de Camille Boitel) placé entre plusieurs rangées de spectateurs qui se sortent le mieux de ce pari. Le faux jeu d’improvisation n’est franchement pas une nouveauté ; les textes semblent plutôt passés à la moulinette. Effectivement les rôles que signale le titre sont pour ainsi dire éliminés au profit de « paroles » presque continues, quant au vaudeville, on se demande où il est niché. On suit donc ce parcours sans déplaisir certes, mais avec le sentiment d’assister à quelque chose de convenu.

Jean-Pierre Han