Troubles d'identité

Jean-Pierre Han

2 octobre 2009

in Critiques

La séparation des songes de Jean Delabroy. Mise en scène de Michel Didym. Théâtre Ouvert à Paris, jusqu’au 17 octobre. Tél. : 01 42 55 74 40.

Silhouette frêle, beau visage lisse à peine sorti de l’adolescence, telle se présente Julie-Marie Parmentier sur la scène de Théâtre Ouvert. Commence son récit qu’elle articule avec une certaine application d’une voix que l’on pourrait penser un instant fragile, mais qui recèle en fait une véritable vigueur. Comme pour bien nous faire comprendre l’histoire du personnage qu’elle interprète, mais sans forcer, et encore moins hurler. Avec application et conviction, oui, syllabes bien détachées. Et c’est bien ainsi car elle est traversée d’une multitude de voix, de sentiments. On le serait à moins. La jeune femme vient de passer des années enfermée dans une pièce au sous-sol de la maison de son ravisseur… La pièce de Jean Delabroy s’inspire ouvertement d’un fait divers qui a récemment défrayé la chronique. Ce n’est pourtant pas, bien sûr, la réalité des faits qui l’intéresse, mais ce qui se trame et se joue dans l’esprit de la jeune femme ayant recouvré la liberté. Le titre de la pièce rend remarquablement compte de cet état de choses. Quels songes (contradictoires, paradoxaux) traversent désormais l’esprit et le corps de l’ancienne captive ? Ancienne vraiment ? Ou captive à jamais ? L’infléchissement de la pièce qui part (un peu trop longuement) de l’anecdote sans toujours éviter ses pièges, pour nous mener vers les eaux troubles dans lesquelles se débat le personnage est fascinant. D’autant que Julie-Marie Parmentier, que l’on avait déjà eu l’occasion d’apprécier dans des spectacles d’André Engel notamment, joue sa partition (c’en est vraiment une) avec une belle et modeste maîtrise, accompagnée par Charlotte Castellat à la contrebasse. Le tout sous la houlette du chef d’orchestre Michel Didym.

Jean-Pierre Han