Grandir
Je suis trop vert de David Lescot. Intégrale des 3 spectacles samedi 16 novembre. Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt La Coupole. Tél. : 01 42 74 22 77. theatredelaville.com
David Lescot va-t-il devenir notre portraitiste (au sens large du terme) attitré concernant cet âge très particulier précédant ce que l’on appelle la pré-adolescence et qui est marqué par le passage délicat de l’enfant de l’école primaire au collège, autrement dit du CM2 à la 6e ? Un vrai séisme si l’on en croit le premier opus de ce qui pourrait – succès oblige – être le premier volet d’une série, et dont le titre était on ne peut plus explicite : J’ai trop peur. Où il était question d’un Moi (non forcément genré) pris de panique à l’idée de faire le grand saut dans l’inconnu, la 6e. Petit miracle, dès cet épisode (qui devait être unique ?), David Lescot trouvait la formule adéquate parfaite à tous les niveaux, celui de l’écriture comme celui de la mise en scène avec une distribution (tournante) entièrement féminine réduite à trois pour interpréter tous les rôles et faire surgir en un clin d’œil personnages hauts en couleurs et peints à gros traits, mais avec une belle justesse, d’une sorte de boîte à jeux (conçue par François Gauthier-Lafaye) avec trappes et accessoires, le tout mené à un rythme d’enfer et avec une alacrité de tous les instants. Du théâtre à l’état pur (les comédiennes se chargeant de la partie sonore, autrement dit de tous les bruitages). Pas le temps de respirer : tout est dit et montré, l’air de rien. C’est de la belle ouvrage.
Succès oblige, nous eûmes droit à un deuxième épisode, avec les mêmes protagonistes saisis au même âge, avec J’ai trop d’amis, mais toujours avec comme toile de fond le cadre scolaire que l’on ne quittera pas plus avec la toute dernière création de la série, Je suis trop vert, qui certes nous fait sortir de l’école, mais pour nous mener à la campagne, en classe verte, histoire de toucher du doigt cette nouvelle réalité-là. Il y a là une justesse de trait, une manière délicate (mais oui) de dire les choses de la vie de cet âge particulier (que David Lescot semble n’avoir jamais oublié). Son savoir théâtral aura fait le reste avec son équipe de six comédiennes (Sarah Brannens, Élise Marie, Camille Bernon, Lyn Thibault Lia Khizioua-Ibanez et Marion Verstraeten) qui alternent les rôles avec un plaisir évident.
Photo : © Christophe Raynaud de Lage