Un spectacle parcimonieux

Jean-Pierre Han

12 avril 2023

in Critiques

L’Avare de Molière. Mise en scène de Jérôme Deschamps. Théâtre de la Ville/Les Abbesses. Jusqu’au 29 avril à 20 h. Tél. : 01 42 74 22 77. theatredelaville-paris.com

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La simple annonce de Jérôme Deschamps, metteur en scène et acteur principal de L’Avare de Molière au Théâtre de la Ville après avoir été créé en octobre 2022 au TNP de Villeurbanne (avant la commémoration des quatre cents ans de la disparition de notre génie national) promettait d’être un véritable feu d’artifice. Équipe bien rodée, metteur en scène outre ses qualités bien connues et appréciées, s’étant de surcroît déjà confronté à Molière avec Les Précieuses ridicules et plus récemment avec Le Bourgeois gentilhomme, tout y était pour que sa version de L’Avare nous ravisse en nous décoiffant. Il aura fallu déchanter.

C’est une sage, très sage mise en scène et interprétation de la pièce qu’il nous est donné de voir. Une sagesse qui pour un peu frôlerait l’ennui. Un spectacle parcimonieux qui certes rend correctement compte de la pièce de Molière, mais vraiment sans plus, comme si, en fin de compte une sorte de grande lassitude – une fatigue – avait saisi toute la troupe. Tempo impulsé, si on peut dire, par le personnage principal, Harpagon donc, interprété par Jérôme Deschamps lui-même, terne et sombre comme la couleur noire de son costume, se permettant tout juste un petit gag gestuel de-ci de-là mais guère plus : l’ensemble de la distribution suit le mouvement, s’acquitte de sa tache sans plus d’éclat, secouée un temps par Lorella Cravotta, en habituée du travail de Jérôme Deschamps, dans le rôle de Frosine, une femme d’intrigue comme indiqué par Molière, …

Tout cela se passe sur un plateau nu la plupart du temps (décor de Félix Deschamps Mak), le tout encadré par des pendrillons dessinant une perspective donnant sur un fond de scène bleauâtre avec poinçon jaune de la lune, le tout virant un temps au rouge… Jeu de couleurs de l’on retrouvera dans les costumes signés Macha Makeïeff. On peut apprécier, mais pour le reste on a plutôt envie de dire RAS.

Photo : © Juliette Parisot