AVIGNON IN : Tout Olivier Py ?

Jean-Pierre Han

12 juillet 2022

in Critiques

Ma jeunesse exaltée d’Olivier Py. Mise en scène de l’auteur. Festival d’Avignon, au Gymnase du Lycée Aubanel jusqu’au 15 juillet, à 14 heures. Tél. : 04 90 14 14 14. festival-avignon.com

Un reproche que l’on ne saurait faire à Olivier Py, c’est de ne pas jouer cartes sur tables. Cartes plutôt fournies d’ailleurs puisqu’elles donnent accès à 10 heures de spectacles pour une traversée dont il a coutume. On ne reprochera pas non plus à l'encore directeur du Festival d’Avignon de n’être pas lucide – sans provocation – sur son travail puisqu’il avoue clairement en cours de représentation qu’il est verbeux. Ce dont on lui donne volontiers acte.

Bref (pardon d’employer ce terme si peu adéquat pour cette Jeunesse exaltée), voici donc un spectacle d’adieu au Festival qu’il a dirigé pendant neuf années, alors que très clairement avec cette dernière œuvre en forme de feu d’artifice il fait référence à La Servante qu’il avait créé en 1995 dans le même Gymnase Aubanel à Avignon, reprenant la petite servante là où il l’avait laissée. Le parcours de 1995, lui, durait 24 heures ! Une manière de boucler une boucle tout en faisant ses adieux, au Festival certes (où il reviendra sûrement jouer invité par les prochains directeurs), mais surtout à sa jeunesse (exaltée donc). Dix heures en quatre épisodes – Py aime ce genre de fragmentations ou d'épisodes qui s’encastrent les uns dans les autres – pour se raconter, par le bienheureux biais d’Arlequin qui traverse l’histoire du théâtre, pour dire, revivre cette fameuse « jeunesse exaltée » (Py se sent-il vieillir à ce point ?), pour redire son amour du Théâtre, de la Poésie (majuscules nécessaires) avec grandiloquence, posture (théâtrale), nostalgie peut-être, amour sûrement. Il y a de tout dans ce maelstrom, cette logorrhée qui n’hésite pas à se répéter jusqu’à satiété. Tout cela en compagnie de fidèles comédiens – des complices – et même avec Céline Chéenne qui était déjà de l’aventure de La Servante. Avec surtout un Bertrand de Roffignac qui s’accapare le rôle (les rôles) d’Arlequin avec maestria et un débit accéléré de paroles vertigineux. C’est brillant, comique, agaçant… il y a de le redondance, de l’emphase, tout Py en un mot, lequel est en train d’adopter une posture qui est le propre des gens qui vieillissent et des vieux lesquels devraient prendre soin de ne pas donner de leçon de vie à la jeunesse, exaltée ou pas. Le spectacle ne manque pas de souffle, mais se fatigue et s'épuise.

On aura compris qu’il y a de tout dans cette traversée que l’on ne saurait rejeter, mais que l’on du mal à avaler intégralement.