Bal(l)ade climatique

Jean-Pierre Han

19 décembre 2015

in Critiques

Les Glaciers grondants de David Lescot. Mise en scène de l'auteur. Théâtre des Abbesses, jusqu'au 18 novembre, puis tounée. Tél. 01 42 74 22 77.

La Cop 21 est terminée, David Lescot et ses Glaciers grondants continuent. Tant mieux. La Cop 21 avait beaucoup travaillé l'auteur-metteur en scène-comédien qui, ne connaissant pas grand-chose aux questions climatiques à l'ordre du jour, avait décidé d'étudier le phénomène avec tout le sérieux qui le caractérise : il est universitaire auteur d'une thèse tout à fait remarquable sur les Dramaturgies de la guerre… Ainsi débute Les Glaciers grondants avec l'aveu de cette ignorance. David Lescot y met en scène son double, un écrivain à qui un magazine demande d'écrire un article sur le sujet du climat dans un avenir plutôt lointain, toute une année !… Début de l'enquête dudit écrivain interprété par Éric Caruso qui conserve d'ailleurs curieusement son nom dans la pièce. Il y a quelque chose de l'ordre de la déambulation dans cette recherche, au sens propre comme au sens figuré ; c'est là une démarche qui est bien dans la manière de David Lescot qui aime rien tant que de procéder ainsi, d'une manière faussement nonchalante, toute en pudeur et où les choses ont plutôt tendance à se mélanger, le professionnel avec l'intime, le sérieux avec le dérisoire. C'est une démarche avec ses hauts et ses bas, ses espoirs et ses désillusions, ses réussites et ses échecs, la vie en somme, avec ses petits riens. Tout à fait le portrait de l'auteur qui nous avait déjà régalé dans d'autres spectacles comme la Commission centrale de l'enfance ou le Système de Ponzi. Le forme suit le cheminement ; il y a de tout sur le plateau, de la musique (David Lescot ajoute à ses nombreux talents celui de musicien), de la danse, du cirque… il y a surtout une belle équipe qui joue son jeu (les comédiens n'hésitent pas à endosser plusieurs rôles ou figures). Il faudrait citer les dix participants sur le plateau et ceux qui œuvrent dans l'ombre (avec mention particulière pour la scénographe Alwyne de Dardel) qui l'accompagnent dans cette aventure de notre temps.

Jean-Pierre Han