La force du conte

Jean-Pierre Han

19 juillet 2014

in Critiques

Festival d'Avignon Off

Moby Dick d'après Herman Melville. Adaptation de Paul Emond. Mise en scène d'André Loncin. Théâtre du Petit Louvre (salle Van Gogh) à 19 h 10, jusqu'au 27 juillet. Tél. : 04 32 76 02 79.

Bien sûr, tout le monde connaît ou croit connaître Moby Dick d'Herman Melville ce chef d'œuvre absolu de la littérature devenu mythe, et qui, comme tous les mythes charrie aussi bien fausses appréciations qu'interprétations diverses. C'est donc une excellente chose que de voir une adaptation du roman proposée sur une scène, celle du Petit Louvre, donc dans des conditions correctes, aux festivaliers d'Avignon, afin de mieux jauger notre appréhension actuelle de ce texte. C'est chose faite, et de belle manière. D'abord l'adaptation de ce pavé est signée par Paul Emond, un gage de qualité pour celui qui a eu les honneurs de voir la revue belge Alternatives théâtrales lui consacrer un numéro entier il y a une quinzaine d'années. Écriture forcément resserrée pour réduire les 700 pages du roman naguère traduit par Jean Giono. La réduction autour du noyau central donne à l'ensemble une force étonnante ; l'adaptation de Paul Emond est juste dans sa recomposition du roman. Ensuite la résolution théâtrale sans fioriture proposée par André Loncin, le metteur en scène, rend parfaitement justice au roman et à son adaptation, d'autant que le duo formé par Alain Payen, l'interprète, et Claude Clin, le musicien, est convaincant. Il y a chez Alain Payen, le conteur, une force intérieure inouïe qui monte jusqu'à son point culminant : le dernier affrontement entre le capitaine Achab et la baleine blanche… Le récit nous happe littéralement accompagné et ponctué par Claude Clin avec justesse et discrétion. Alain Payen conteur hors pair nous embarque avec lui à bord du « Péquod », le baleinier du capitaine Achab, et ne nous lâche plus.

Jean-Pierre Han