Chronique scénographique de Jean Chollet

Jean-Pierre Han

26 octobre 2013

in Chroniques

Aurélie Thomas : la scénographie avec un esprit de troupe.

L’éveil à l’artistique de cette jeune bachelière s’est fait à l’École d’art municipale de Chalon-sur-Saône, dont le directeur Gustave Falk sut déceler le potentiel de son élève et susciter sa vocation pour les arts plastiques. Aurélie Thomas met alors cap à l’est pour intégrer l’École des arts décoratifs de Strasbourg, où s’offre une première expérience scénographique qui détermine son orientation. Dans cet objectif, elle intègre en 1996, l’École du Théâtre national de Strasbourg et son département scénographie placé sous la direction d'un grand professionnel, Serge Marzoff. En 1999, année de son diplôme, dans le cadre d’un atelier issu de toutes les sections confondues de l’école, son condisciple Guillaume Delaveau monte Peer Gynt/Affabulation d’après Ibsen. Cette création éveille l’attention de plusieurs structures théâtrales, et encourage une partie des participants, dont Aurélie, à créer la compagnie XIci. Dans cette troupe, elle trouve matière à développer sa pratique, dans un esprit d’échanges et de concertations avec ses partenaires, devenu essentiel et qui perdure aujourd’hui. Après quelques réalisations avec la compagnie et diverses collaborations avec plusieurs metteurs en scène, elle rencontre Christophe Rauck, alors directeur du Théâtre du Peuple à Bussang, en 2004. S’amorce alors entre eux, dans une affinité artistique exemplaire, un compagnonnage poursuivi aujourd’hui et marqué par une quinzaine de créations. Parmi celles-ci, Le Revizor de Nicolas Gogol (2007), Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, (Comédie Française 2007) Cœur ardent d’Ostrovski, (2009) Les Serments indiscrets de Marivaux (2013), et, pour une première expérience à l’opéra, Le Couronnement de Poppée de Monteverdi (2010). Ces réalisations, comme toutes les autres, témoignent d’une recherche attentive pour offrir à l’œuvre représentée un espace signifiant, qui doit en quelque sorte « raconter une histoire ». Pour ce faire, Aurélie Thomas s’immerge dans l’univers d’un auteur, en s’imprégnant de sa sensibilité et de sa poésie pour nourrir son imaginaire. Puis, elle convoque les matériaux et outils, en utilisant la machinerie pour assurer un développement séquentiel de l’organisation scénique qui lui tient à cœur. Dans un premier temps avec des propositions ouvertes, qui seront figées après échanges et dialogues avec le metteur en scène. Sa scénographie épurée, jamais illustrative mais souvent symbolique, interfère alors dans la représentation. Fort justement, elle considère que quel que soit le résultat obtenu, la scénographie « n’est pas une œuvre en tant que telle ». Elle ne prend son sens que dans sa relation avec une dramaturgie et avec la présence des comédiens.